Uniqlo, un pied dans le Marais

«Tout ça, c’est grâce aux doudounes.» La phrase a beau sortir de la bouche d’un invité aviné, elle n’en est pas moins avisée. Uniqlo fêtait, jeudi soir, l’ouverture de son magasin de 820 m2 et trois étages rue des Francs-Bourgeois (Paris IVe). Le géant japonais connaît un succès croissant, dont les ventes par palettes des fameuses doudounes légères et pas chères ont été le symbole de l’hiver passé.

Plates-bandes. Avec cet emménagement, la marque poursuit son développement mais, surtout, étend sa présence qui, jusque-là, se limitait à la partie occidentale de la ville : un immense magasin rue Scribe (IXe), dans le quartier des Grands Boulevards, mais également une boutique à Beaugrenelle (XVe), une à la Défense (Hauts-de-Seine) et enfin une autre dans le centre commercial So Ouest, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). En s’attaquant au Marais, plus central, Uniqlo vient grignoter les plates-bandes de marques déjà présentes dans le voisinage, davantage rangées dans le créneau de la moyenne gamme (APC, COS, Sandro ou The Kooples). Avec l’ouverture récente, à côté, d’une boutique du jeaneur suédois bon marché Cheap Monday, le Marais semble être la zone de shopping au potentiel d’attraction le plus fort du moment.

Mais qu’y a-t-il dans cette boutique ? Des polos, des tee-shirts, des slips ou des tenues dont les prix anéantissent toute la concurrence du coin. Est-ce le prestige de l’endroit qui fait que la marque propose également autre chose que de la fringue ? Sur un étalage sont proposés de petits objets japonisants. Il y a une bouillotte en métal, un «jouet bio pour votre chat», des outils de bricolage (mais pourquoi ?) et des petits livres sur Tokyo. Une façon de jouer la carte nippone, de mettre en avant un patrimoine pour trancher avec la sérialisation absolue des collections de prêt-à-porter.

Usine. De patrimoine, il est justement question avec la localisation d’Uniqlo dans ce bâtiment du Marais, l’ancien siège de la Société des Cendres, l’une des dernières usines de la ville (dont l’activité s’est arrêtée en 2002), là où étaient lavés les déchets des bijoutiers afin de récupérer l’or et autres métaux précieux. Uniqlo a gardé la cheminée de brique rouge, les meules en fonte, la verrière. Et a conservé une partie «muséale», avec des explications sur l’histoire du bâtiment. Quelques dizaines de mètres carrés, non utilisés pour la vente, qui célèbrent le passé du lieu. Et qui apportent à cette boutique une très belle valeur ajoutée.

Auteur: Clément GHYS

Uniqlo, un pied dans le Marais