Siemens/Mitsubishi vs General Electric : quel avenir pour Alstom ?

Rebondissements. Le groupe allemand Siemens prépare une offre commune de rachat d’Alstom, avec le groupe japonais Mitsubishi, pour contrecarrer l’Américain Général Electric. Quant à l’Elysée, il demande « une amélioration » des offres pour trancher, au moment où la CGT appelle à la nationalisation. 

« Outsider  » jusqu’à présent, dans la reprise du fleuron industriel français, face à Général Electric prêt à y laisser des dollars pour récupérer le secteur énergie français, Siemens vient de refaire surface en présentant une alliance avec Mitsubishi Heavy Industries pour déposer une offre commune. Son objectif ? Empêcher le rapprochement entre Alstom et l’Américain General Electric, qui deviendrait, si signature il y avait, un concurrent puissant et redoutable pour Siemens, en Europe. Officiellement, les directions japonaises et allemandes n’ont avancé aucune offre chiffrée. « Mais d’après le quotidien japonais Nikkei, expert des milieux d’affaires, le tandem proposerait 7,25 milliards d’euros », précise l’AFP. Une offre bien inférieure à celle annoncée par le groupe américain qui est prêt à déposer 12,35 milliards d’euros pour les activités énergétique du Français. Pour sa défense, Siemens appliquerait son offre à un périmètre plus délimité, excluant les activités de distributions et transmission d’électricité. Plus précisément, MHI, en partenariat avec Hitachi, un autre groupe japonais mobilisé pour l’occasion, récupérerait, pour 3,6 milliards d’euros, les activités turbines à vapeur d’Alstom, utilisées dans les centrales nucléaires françaises tandis que Siemens, s’accaparerait, pour la même somme, l’activité turbine à gaz. Une offre germano-japonaise officieuse qui devrait être confirmée au plus tard le 16 juin. Quant à General Electric, impatient depuis qu’il a formalisé fin avril son offre « fait le siège des autorités françaises pour obtenir leur feu vert », d’après l’AFP.

Balle au centre pour l’Elysée

L’arrivée soudaine de ce tandem germano-japonais sur le terrain des négociations a provoqué une réunion, ce matin, au plus haut sommet de l’Etat entre François Hollande, Manuel Valls et le ministre de l’économie, Arnaud Montebourg. Si Siemens espère faire basculer l’Elysée en sa faveur, grâce au renfort des industriels japonais, actifs dans le transport ferroviaire et dans le secteur énergétique, Arnaud Montebourg a rappelé, à l’issue de la réunion, que « l’Etat n’avait pour l’heure aucune préférence pour telle ou telle proposition et souhaité que celles-ci s’améliorent ». Insatisfait, le ministre a demandé aux prétendants d’améliorer leurs propositions « pour servir au mieux nos exigences qui sont l’emploi, le maintien de l’activité en France et l’indépendance énergétique ». Une requête « décevante » pour Pierre Laurent, secrétaire national du parti communiste français, qui déplore, dans une lettre ouverte à Manuel Valls,  « l’absence de concertation publique, transparente et démocratique, avec les syndicats et les élus sur l’avenir du fleuron industriel français si décisif pour l’emploi, la maîtrise technologique, la croissance réelle, le type de développement et de mondialisation ».

« Ni l’un ni l’autre »  pour la CGT
Le 1er mai déjà, les salariés d’Alstom, accompagnés des fédérations CGT des Cheminots, des Transports, de la Métallurgie et de l’énergie, refusaient le rachat de leur entreprise par un groupe étranger, accusant l’Etat de laisser partir un « pilier de l’industrie française à l’étranger ». Récemment, Thierry Lepaon, secrétaire national CGT, expliquait dans une lettre ouverte adressée au Président de la République que  « les offres connues à ce jour ne répondent pas à la nécessaire préservation de ce fleuron de l’industrie française. En effet, nous risquons d’assister à une vente à la découpe de l’entreprise entre sa branche énergie et sa branche transport. Pire, ces deux entités risquent elles-mêmes d’être scindées par activités en fonction de leurs rentabilités respectives. Certaines promesses qui consistent à assurer le maintien des centres de décisions et de recherches dans notre pays, ne peuvent être considérées comme satisfaisantes alors que des milliers d’emplois dans les secteurs de production seraient menacés et délocalisés hors de nos frontières ».
Pour le personnel d’Alstom, seule la nationalisation du fleuron industriel serait une victoire. « Nous sommes favorables à une solution permettant à l’Etat d’entrer majoritairement dans le capital d’ALSTOM », conclut Thierry Lepaon, en attendant la prochaine réunion de l’Elysée sur le dossier Alstom, prévue la semaine prochaine.

La Source: humanite.fr

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