Le dossier principal du Tôyô Keizai de la semaine s’intitule « Les usines, en voie de disparition ? » Dans son introduction, le magazine présente les dangers qui guettent le made in Japan, en annonçant la fermeture de la raffinerie japonaise d’ENEOS dans le département de Wakayama. Pour tous, y compris pour les riverains, c’était simplement une question de temps, mais le choc reste palpable, car 90 % de l’emploi local était lié à son fonctionnement.

Les restructurations et réorganisations se multiplient sur l’archipel. Tôyô Keizai a choisi de prendrecomme exemples les secteurs du raffinage de pétrole, de l’automobile et de la métallurgie, mais la situation est également critique pour d’autres activités, telles que la production navale. Le Japon vit une longue suite de difficultés depuis l’éclatement de la bulle en 1990, suivi d’une forte appréciation du yen, puis de la crise financière de 2008, le tremblement de terre du Tôhoku en 2011…

Les Abenomics avaient permis de limiter la casse, mais les objectifs zéro carbone du Japon précipitent à nouveau la fermeture d’usines. Ce sont notamment les économies rurales qui en pâtissent.

En réalité, le Japon tout entier compte sur son industrie, puisque celle-ci représente près de 20 % deson PIB. Parmi les pays majeurs, il se classe troisième, derrière la Chine (26 % du PIB) et l’Allemagne(20 % du PIB). À titre de comparaison, l’industrie ne compte que pour 11 % du PIB des États-Unis. Les emplois du secteur manufacturier sont également très précieux pour le pays, car les salaires y sont plus élevés en moyenne que dans d’autres domaines d’activités.

Tôyô Keizai identifie donc six problématiques principales pour l’industrie à l’heure actuelle. En premier lieu, la faiblesse du yen en comparaison des prix des matières premières et de l’énergie et les monopoles mondiaux sur différents secteurs de l’industrie sont pointés du doigt. Le Japon subit également une pression due aux exigences de sécurité économique, à cause des traités de coopération qu’il a signés avec d’autres pays. Il souffre également d’un manque croissant de personnel, en raison du vieillissement de la population. Par ailleurs, les exigences en matière de neutralité carbone placent les entreprises dans une position délicate. Enfin, la transition énergétique du Japon prend du retard. Finalement, toutes ces problématiques semblaient inévitables au regard de l’histoire industrielle du pays.

Et si la disparition de son industrie signait pour le Japon une occasion de changer en profondeur sa société ?

Source : Tôyô Keizai (26/03, 50-53)
Abonnement annuel disponible : 50 € TTC pour les membres
Contactez-nous : adejulliard@cefj.org

industrie